Indice entrepreneurial québécois 2019
Introduction
Un nouvel âge pour entreprendre ou… quand la culture entrepreneuriale s’enracine vraiment!
Note au lecteur : la cueillette des données, l’analyse et la rédaction de ce rapport ont eu lieu avant l’éclosion de la pandémie de la COVID-19.
L’Indice entrepreneurial québécois (l’Indice) présente les résultats du plus grand sondage annuel réalisé au Québec sur le sujet. L’Indice analyse les humains qui font l’entrepreneuriat – et non les structures qui en découlent (les entreprises) –, et tente invariablement d’analyser la « santé » entrepreneuriale des Québécois, sous tous ses angles.
L’Indice 2018 nous rappelait à quel point l’entrepreneuriat québécois a évolué, voyant les taux d’intentions d’entreprendre et de démarches pour entreprendre faire un bond incroyable (ils ont triplé depuis 11 ans). Il nous rappelait aussi tous les efforts – payants – faits auprès de la jeunesse québécoise, faisant en sorte que ces mêmes taux, chez les 18 à 35 ans, étaient à des niveaux exceptionnellement hauts et ce, en dépit d’une certaine correction à la baisse depuis deux ou trois ans.
L’Indice 2018 évoquait aussi le besoin de porter notre regard sur des Québécois plus âgés, notamment la génération X (qui correspond approximativement au groupe des 35 à 49 ans), car une activité accrue semblait poindre au sein de ce groupe.
Or, peu de recherches se sont sérieusement penchées sur le sujet. Parmi les plus récentes, mentionnons le GEM 2016/2017 Report on Senior Entrepreneurship traçant le portrait du groupe des 50 ans et plus de 2009 à 2016 (parmi les pays participants au Global Entrepreneurship Monitor), ainsi que la recherche « The Average Age of a Successful Startup Founder is 45 », publiée dans le magazine Harvard Business Review et révélant que 45 ans était l’âge moyen des fondateurs de startups à succès.
Et nous… Les Québécois de la génération X et de celle des entrepreneurs dits « matures » (50-64 ans approximativement) sont-ils de réels contributeurs au dynamisme entrepreneurial de la province? La réponse : plus que jamais!
Deux générations répondent aussi à l’appel
L’Indice 2019 porte ainsi un regard plus attentif sur deux grandes générations qui sont relativement passées « sous le radar », tant en en ce qui concerne la collecte de données que les programmes conçus pour accompagner et soutenir spécifiquement ces tranches démographiques d’entrepreneurs. Que nous disent les données?
Vouloir être entrepreneur? Pour la première fois dans l’histoire de l’Indice, l’entrepreneuriat est identifié comme « choix optimal de carrière » non pas que par les 18-34 ans, mais aussi clairement par les 35-49 et les 50-64 ans. L’Indice avait démontré que le « métier » d’entrepreneur était passé d’acceptable à légitime puis à désirable. Voilà que cette désirabilité est maintenant présente dans les trois grandes tranches de la population active québécoise.
Génération X : renversement de situation. Pour la première fois, le groupe des 35 à 49 ans affiche un taux d’intentions plus élevé que les jeunes. L’écart peut paraître mince (31,8 % contre 30,8 %), mais il s’agit d’un taux très élevé, et il témoigne d’une vigueur plus importante que jamais de la génération X.
Alors que ce même groupe talonnait ou dépassait parfois très légèrement les 18-34 ans du côté des démarches, la différence – en faveur des 35-49 ans – apparaît évidente en 2019 (16,1 % contre 12,5 % pour les jeunes).
Des entrepreneurs « matures » plus qu’actifs. Pour la première fois, nous notons également une croissance importante de l’activité entrepreneuriale chez les 50-64 ans. Leur taux d’intentions a bondi de 11,5 % en 2018 à 16,1 % en 2019. Même croissance remarquable concernant le nombre d’individus en démarches de ce groupe et qui a augmenté de 45 % environ, passant de 5,5 % en 2018 à 8,0 % en 2019.
Un autre fait tout aussi important : durant la dernière année, un nouveau propriétaire sur trois (32,4 %) – en activité depuis un an ou moins – appartient au groupe des 50-64 ans; aux fins de comparaison, en 2016, il s’agissait d’un nouveau propriétaire sur cinq (20,3 %) qui provenait de ce groupe! De plus, il s’agit d’un premier projet entrepreneurial pour 85,1 % d’entre eux.
Un dynamisme qui n’est pas le fruit du hasard
On peut espérer que ce dynamisme accru auprès des groupes des 35-49 ans et des 50-64 ans perdure, mais on peut toutefois affirmer qu’il n’est pas le fruit du hasard. La chaîne entrepreneuriale est un grand continuum qui se nourrit des efforts des différents acteurs de l’entrepreneuriat, des gouvernements, organisations de soutien, des citoyens, des médias, etc.
Difficile d’imaginer le dynamisme des générations plus âgées sans penser que le travail s’est d’abord effectué (et doit continuer à l’être) auprès de la jeune génération. Ces efforts fournissent à la chaîne entrepreneuriale le volume nécessaire pour soutenir cette grande machine, en perpétuel renouvellement. Et puis, nous savons tous que les entrepreneurs en devenir d’hier sont les entrepreneurs plus matures de demain…
D’ailleurs, en dépit d’un certain repli constaté ces dernières années à propos des taux d’intentions et de démarches des jeunes (repli énormément caractérisé en 2019 par une indécision à entreprendre et non pas un refus catégorique), rappelons que les jeunes continuent à avoir des taux exceptionnellement élevés. Sans ce grand mouvement de la jeunesse que l’on a vu croître ces 10 dernières années, nous ne serions pas ici à témoigner de la vigueur de l’entrepreneuriat chez les Québécois plus âgés.
Entreprendre avant ou après 35 ans. En explorant les grandes caractéristiques des entrepreneurs ayant démarré avant ou après l’âge de 35 ans, il appert que les jeunes entrepreneurs ayant démarré avant l’âge de 35 ans sont plus susceptibles de créer des entreprises de plus grande envergure (avec davantage d’employés). Cependant, ce sont les entreprises créées par des entrepreneurs de plus de 35 ans qui ont le plus de chance d’être pérennes (dépasser le fameux cap fatidique des cinq ans d’existence).
L’entrepreneuriat immigrant
Bien qu’en 2019 on note un léger repli du dynamisme entrepreneurial chez les personnes issues de l’immigration, nous constatons encore une fois la très grande vigueur de ce groupe comparativement aux individus nés au Canada. Toutes proportions gardées, c’est tout de même une personne sur quatre, ayant l’intention d’entreprendre, qui est d’origine immigrante! Et cette proportion se retrouve aussi pour les personnes à l’étape des démarches.
Un tel dynamisme entrepreneurial peut avoir aussi des effets moins désirables (mais inévitables), tel un taux d’échec (fermetures d’entreprise) relativement élevé, spécialement dans le cas des jeunes entrepreneurs immigrants.
À propos des données
Le lecteur pourra consulter la méthodologie de ce rapport en annexe. Pour établir les quatre grands indicateurs de la chaîne entrepreneuriale, Léger a sondé 15 013 répondants. Enfin, pour répondre au questionnaire de la phase I, Léger a sondé 3 966 répondants étant à l’une ou l’autre des étapes de la chaîne (ou en dehors de celle-ci). De ce nombre, mentionnons que 768 propriétaires d’entreprises ont été sondés.
Rappelons qu’en 2015, l’Indice a raffiné sa lecture lorsqu’il s’agit des travailleurs autonomes (qui ont toujours été inclus dans le taux de propriétaires du rapport et qui continuent de l’être). En effet, certaines personnes peuvent se déclarer travailleurs autonomes sans que leur travail ait nécessairement une nature véritablement entrepreneuriale. Il s’agit surtout d’employés payés à la commission, d’employés contractuels, de pigistes, etc. L’Indice a donc cerné, au sein des travailleurs autonomes, une tranche plus spécifiquement dynamique (d’un point de vue entrepreneurial) : les « autoentrepreneurs ». Ainsi, seuls les travailleurs autonomes ayant déclaré posséder une entreprise enregistrée ou immatriculée ont été conservés dans le calcul du taux des propriétaires québécois.
La grande particularité des données 2019 réside sans conteste dans son échantillon exceptionnel et unique de propriétaires d’entreprise. En plus des 768 propriétaires issus de la phase I de la cueillette de données avec Léger, l’ajout de 797 propriétaires répondants issus de neuf grandes organisations de soutien aux entrepreneurs du Québec rends historique l’échantillon global de propriétaires répondants de l’Indice 2019.
Une cueillette de donnée historique
Les organisations suivantes ont participé à une deuxième phase de collecte de données s’ajoutant à la collecte grand public réalisée par Léger pour l’étude 2019. Ce « consortium » exceptionnel a permis à l’Indice d’ajouter 797 répondants propriétaires (s’additionnant aux 768 de la phase I de la cueillette de l’Indice), offrant ainsi un échantillon historique et la possibilité d’analyser encore plus finement que jamais le dynamisme des entrepreneurs du Québec. Merci !
Tout au long de l’Indice, le lecteur sera guidé quant à l’échantillon de référence ayant servi à la production du rapport, la « phase I » référant à la cueillette traditionnelle de Léger et la « phase II » indiquant quant à elle ce sondage auprès des neuf organisations de soutien aux entrepreneurs.