Indice entrepreneurial québécois 2009
Situation alarmante de l’entrepreneuriat au Québec
Le nouvel Indice entrepreneurial québécois de la Fondation de l’entrepreneurship révèle un écart négatif significatif entre l’entrepreneur du Québec et celui du reste du Canada
Survol :
- Au Québec, nous avons en proportion deux fois moins de propriétaires d’entreprises qu’ailleurs au Canada
- La période de démarrage de nos entreprises est plus longue que dans le reste du pays et une fois créées, nos entreprises durent moins longtemps
- Le portrait-robot de notre entrepreneur : généralement inexpérimenté
- La culture québécoise : un frein au développement de l’entrepreneuriat
Le 18 février 2009, la Fondation de l’entrepreneurship dévoile dans le cadre du colloque « Entreprenons le Québec », les résultats du plus important sondage mené à ce jour sur l’entrepreneuriat québécois. Ce sondage représente une photo du comportement des Québécois en entrepreneuriat appelée « L’Indice entrepreneurial québécois » de la Fondation de l’entrepreneurship. Le sondage, mené en collaboration avec Léger Marketing, révèle une perspective alarmante de la situation de l’entrepreneuriat au Québec par rapport au reste du Canada et fait la lumière sur les principaux obstacles que l’entrepreneur québécois rencontre tout au long de son « cycle de vie ».
Les Québécois, tous des entrepreneurs nés ? Un mythe
« Jamais notre perception de la performance entrepreneuriale québécoise n’a-t-elle été aussi erronée que maintenant, » a déclaré Mario Girard, président-directeur général de la Fondation de l’entrepreneurship. Non seulement le Québec produit-il deux fois moins de propriétaires d’entreprises qu’ailleurs au Canada1, mais en pourcentage, autant de propriétaires québécois ont fermé une entreprise que dans le reste du pays2. Par ailleurs, la période de démarrage est plus longue3 que dans le reste du Canada et, une fois créées, les entreprises durent moins longtemps4. « Il s’agit d’un constat très alarmant pour la santé entrepreneuriale du Québec. S’imaginer que les Québécois sont entrepreneurs dans l’âme est un mythe, » ajoute M. Girard.
Le portrait-robot de notre entrepreneur nous révèle par ailleurs qu’il est généralement inexpérimenté. Par exemple, au Québec 56 % des entrepreneurs sont en création d’une entreprise pour la première fois (dont 83 % chez les 18-35 ans) comparativement à 47 % pour le reste du Canada (dont 53 % chez les 18-35 ans). Le fait que nos entreprises durent moins longtemps vient d’ailleurs expliquer en partie le manque d’expérience de nos entrepreneurs.
Un problème de culture : la sainte peur de l’échec…
Nul doute que nous manquons globalement d’expérience en affaires au Québec. Tous ces constats illustrent la difficulté de faire des affaires au Québec mais remettent également en cause la culture québécoise dans laquelle nos entrepreneurs évoluent. Sur ce point aussi, nous nous distinguons du reste du Canada. En effet, nos entrepreneurs s’estiment moins capables et compétents que ceux du reste du Canada5. À cela viennent s’ajouter les barrières nous empêchant de percer le marché international, notamment en raison de la langue.
« Au Québec, on pardonne difficilement l’échec. Chez nos voisins américains, il fait parti de l’apprentissage d’un entrepreneur. Il n’est pas souhaité, mais des leçons très profitables en sont tirées. L’entrepreneur à succès qui s’enrichit est salué et son exemple, enseigné, » a ajouté M. Girard.
Nathaly Riverin, vice-présidente recherche, vigie et développement de la Fondation de l’entrepreneurship a ajouté : « Alors que nous voyons la majorité des efforts et investissements s’effectuer dans la structure des entreprises (financement, opérations, etc.), le développement de la personne est quant à lui laissé pour compte. L’entrepreneurship n’est pas une science infuse et trop peu d’efforts sont déployés pour récupérer l’expérience de nos entrepreneurs actuels afin de la réinvestir dans nos entrepreneurs de demain. Promouvoir nos bons coups, démystifier le « métier », créer une synergie de tous les leaders d’une région a pourtant un impact positif réel sur l’entrepreneuriat. On voit s’arrimer certaines stratégies gouvernementales en ce sens qui donnent espoir, notamment au niveau de la jeunesse. »
La même volonté d’entreprendre… pour une première fois
Les Québécois ont la même volonté d’entreprendre et ils sont presque aussi nombreux à tenter de créer une entreprise que leurs comparses ailleurs au Canada. C’est 7,4 % de la population du Canada qui formule l’intention de lancer une entreprise et 3,5 % qui est en démarche de création (incluant les travailleurs autonomes). Au Québec, il s’agit de 7,1 % et 2,8 %.
En conclusion ?
Le contexte économique actuel teinte évidemment les réponses des répondants, mais il le teinte de façon uniforme partout au Canada (en général 40 % se disent freinés dans la création d’une entreprise au Québec à cause de la crise, comparativement à 37 % ailleurs au pays). « Nous nous dirigeons vers un mur si nos efforts ne sont pas décuplés. La bonne nouvelle : il est encore temps d’éviter la catastrophe. L’autre bonne nouvelle : en dépit d’un terreau moins fertile que dans le reste du Canada, nous avons des entrepreneurs qui réussissent. Ils sont donc doublement bons, méritent d’être salués et, surtout, émulés, » a conclu Mario Girard.
À propos du sondage
Ce sondage représente l’enquête la plus exhaustive menée à ce jour sur l’entrepreneuriat au Québec et son positionnement au sein du Canada, et il représente une photo du comportement des Québécois en entrepreneuriat appelée « L’Indice entrepreneurial québécois » de la Fondation de l’entrepreneurship. Établie de concert avec tous les acteurs majeurs du réseau de l’entrepreneuriat au Québec, la mesure permettra de prendre le pouls à chaque année et ainsi, espère-t-on, noter une évolution de la situation.
- Sondage mené sur Internet du 23 janvier au 3 février 2009 auprès des 18 ans et plus
- 17 192 répondants initiaux au total, dont :
- 10 665 au Québec
- 6 527 dans le reste du Canada
- Marge d’erreur de 0,95 % au Québec et de 1,21 % dans le reste du Canada