Indice entrepreneurial québécois 2018
Survol des quatre indicateurs de la chaîne entrepreneuriale
Comparatif 2009-2018 et 2017-2018
Cette section met en évidence l’évolution des quatre grands indicateurs de la chaîne entrepreneuriale québécoise depuis 2009, année de la première édition de l’Indice. Les quatre indicateurs sont aussi présentés pour une comparaison des données entre les années 2017 et 2018.
Après des taux d’intention et de démarches ayant triplé depuis 10 ans, il y a un ralentissement, voire une légère baisse observée. L’influence du marché de l’emploi, qui n’a jamais été aussi fort que ces dernières années, est l’une des explications principales. Cela dit, cette baisse est attribuable à certains sous-groupes, comme ce survol se propose d’examiner. Le taux des propriétaires1 connaît également une légère baisse entre 2009 et 2018, qui demeure toutefois en deçà des marges d’erreur. Quant au taux de fermeture, même s’il est relativement stable depuis 2015, il a toutefois connu une hausse depuis 2009. Parmi les explications possibles, il faut d’abord mentionner les évolutions démographiques (le vieillissement démographique et l’augmentation du poids du groupe d’âge des 65 ans et plus dans le total de la population, groupe qui présente « naturellement » des taux de fermeture plus élevés). Ensuite, il faut aussi souligner l’augmentation assez importante du taux de fermeture des jeunes. Cette augmentation illustre la prépondérance des entrées en affaires récentes qui n’ont pas été très bien préparées (l’Indice souligne depuis quelques années déjà que la durée de vie des entreprises fermées par les jeunes est très courte).
À la question « l’entrepreneuriat québécois a-t-il progressé depuis 10 ans? », les indicateurs de notre futur entrepreneurial nous répondent un « oui » évident.
GRAPHIQUE 1
Évolution des quatre indicateurs de la chaîne entrepreneuriale, 2009-2018, Québec (novembre 2018)
Intentions
Après une période de croissance exceptionnelle du taux d’intention d’entreprendre, celui-ci a légèrement baissé en 2018. Il faut toutefois le souligner : même si le taux est par définition un peu volatil (« vouloir un jour entreprendre »), il demeure très élevé et sa baisse ne peut être prise pour un signal d’alarme absolu. Elle doit plutôt être interprétée comme un signal appelant à la prudence. L’examen des différents sous-groupes le composant nous révèle d’ailleurs que certains individus, plus que d’autres, se « cachent » derrière cette baisse.
En effet, le taux d’intention des hommes poursuit une baisse (amorcée entre 2016 et 2017), alors que celui des femmes continue de progresser, lentement. Un groupe d’âge en particulier explique le fléchissement des intentions des hommes en 2018 : il s’agit des 18 à 34 ans, dont le taux est passé de 47,9 % à 40,5 % (les autres groupes d’âge ont gardé des taux relativement constants). De plus, les hommes avec études préuniversitaires manifestent également depuis quelques années des intentions d’entreprendre moins élevées. Il semble que ce sous-groupe soit plus porté vers l’entrepreneuriat de nécessité, et plus sensible à l’évolution positive du marché de travail.
En conséquence, l’écart des taux d’intention entre les hommes et les femmes s’est réduit, passant de 9,0 points de pourcentage en 2017 à 4,8 points de pourcentage en 2018. Signe fort de l’élan croissant de l’entrepreneuriat féminin : les femmes de moins de 50 ans ayant l’intention d’entreprendre depuis moins d’un an sont de plus en plus nombreuses, et leur taux d’intentions dépasse2 maintenant – pour les mêmes groupes d’âge – celui des hommes. Ainsi, les femmes de moins de 50 ans représentent 47 % des personnes déclarant avoir de telles intentions depuis moins d’une année, tandis que les hommes des mêmes groupes d’âge ne représentent que 33 % (la différence jusqu’à 100 % représentant la contribution des hommes et des femmes de 50 ans et plus).
GRAPHIQUE 2
Intentions de créer ou de reprendre une entreprise, selon le groupe d’âge, le sexe ou le statut, Québec (novembre 2018)
Démarches
La baisse des intentions n’a pas été suivie par le taux des démarches, qui est resté en 2018 tout à fait stable par rapport à 2017. Le taux des jeunes femmes affiche cependant une hausse significative, se hissant à 14,3 % contre 16,0 % pour les jeunes hommes. Ces taux étaient en 2017 de 11,8 % pour les jeunes femmes et de 16,4 % pour les jeunes hommes.
De manière encore plus prononcée que dans le cas des intentions, la présence des femmes est de plus en plus remarquable en ce qui a trait aux démarches pour entreprendre :
- Parmi les répondants indiquant avoir commencé leurs démarches, 53 % des femmes de 18 à 34 ans l’ont fait au cours des 12 derniers mois, comme 48 % des femmes du groupe de 35 à 49 ans;
- Au total, les femmes représentent 44 % du nombre des personnes à l’étape des démarches (mais 57 % des personnes ayant commencé les démarches durant la dernière année).
L’Indice 2018 révèle également que les immigrants continuent à afficher un taux de démarches très élevé (17,5 % contre 7,6 % pour les natifs).
GRAPHIQUE 3
Démarches pour la création ou la reprise d’une entreprise, selon le groupe d’âge, le sexe ou le statut, Québec (novembre 2018)
Propriétaires
Le taux des propriétaires (population adulte résidante au Québec et propriétaire d’au moins une entreprise active) continue légèrement à diminuer (la diminution reste d’une année à l’autre dans les marges d’erreur, mais elle est néanmoins visible).
Malgré tout, il y a un aspect positif à souligner : la part des femmes parmi les propriétaires. En effet, elles représentaient déjà 40 % des propriétaires en 2017 (un haut niveau si on le compare à d’autres pays développés), et il se situe à 41 % en 2018. La progression de l’entrepreneuriat féminin parmi les nouveaux propriétaires s’explique par une vague favorable du côté des femmes propriétaires de 18 à 34 ans, qui représentent 43 % des jeunes entrepreneurs.
Globalement, sur les deux dernières années, l’entrée des nouveaux propriétaires (en activité depuis moins d’un an) s’est faite pratiquement à parité entre les femmes et les hommes.
GRAPHIQUE 4
Propriétaires selon le groupe d’âge, le sexe ou le statut, Québec (novembre 2018)
Fermetures
Le taux de fermeture est mesuré en tenant compte des personnes déclarant avoir fermé au moins une entreprise durant leur vie. Ainsi, la vente (ou le transfert) d’une entreprise à un autre propriétaire n’est pas incluse.
Au cours des quatre dernières années et pour l’ensemble de la population québécoise, le taux de fermeture est resté stable, la baisse du taux observée en 2017 ayant été annulée en 2018 par une augmentation.
GRAPHIQUE 5
Fermeture d’entreprise (au moins une fois), selon le groupe d’âge, le sexe ou le statut, Québec (novembre 2018)
Rappelons que parmi les facteurs pouvant expliquer l’augmentation si nette du taux de fermeture depuis 2009, il y a d’abord le vieillissement démographique et l’augmentation du poids du groupe d’âge des 65 ans et plus dans le total de la population.
Ensuite, du côté des jeunes, le taux de fermeture est en hausse : à 5,4 % en 2016, il a progressé à 6,5 % en 2017 et à 8,3 % en 2018. L’entrée relativement massive des jeunes dans la chaîne entrepreneuriale ces dernières années représente un taux de sortie forcément plus élevé pour ce même groupe d’âge. Rappelons enfin que plus d’un jeune sur quatre (27 %) ayant fermé son entreprise l’a fait avant que l’entreprise ait terminé sa première année d’activité.