Rim Charkani

Rim Charkani ne s’en cache pas : la pandémie a été avantageuse pour son entreprise.  

Portrait d’une entrepreneure qui carbure aux défis. 

Rim Charkani est PDG et cofondatrice de Walo, une application mobile qui permet aux parents d’apprendre à leurs enfants de bien gérer leur argent.  

L’application est téléchargée sur téléphone ou tablette. Le parent et l’enfant ont chacun leur environnement. Le parent inscrit l’enfant, fixe certains paramètres (comme le montant de son allocation, les tâches rémunérées ou non, les objectifs d’épargne, etc.). L’application affiche plusieurs modules d’éducation financière (budget, crédit, épargne), des quizz, des récompenses. Les enfants prennent ainsi le contrôle de leur argent et de leurs dépenses, tout en apprenant et en se responsabilisant sur les finances personnelles. L’environnement est éducatif, mais ludique. 

Lancé en mai 2021, Walo avait été téléchargée 16 000 fois à la mi-mars 2022. Depuis quelques mois, l’équipe de 15 développeurs planche sur une carte cadeau en argent, promise pour l’été 2022. 

Rim Charkani se dit très chanceuse de l’aide obtenue au sein de l’écosystème d’appui aux entrepreneurs québécois. L’entreprise a notamment bénéficié des organismes Le Camp, Fintech Cadence, Next AI et de plusieurs bourses du ministère québécois de l’Économie et de l’Innovation, et de la Ville de Québec. 

Femme, immigrante, férue de techno 

Walo a été fondée par deux femmes et un homme. Le fait d’être une femme de la diversité, qui dirige une fintech, ajoute-t-il un niveau de difficulté, sachant que la finance et la techno sont des boy’s club? « C’est un milieu parfois intimidant, car la majorité des investisseurs, des entrepreneurs et des développeurs sont des hommes, explique Mme Charkani. C’est très courant de se présenter devant des panels 100% masculins. Mais ça se passe plutôt bien. Il y a peut-être des biais inconscients chez certains de nos interlocuteurs, mais je n’ai jamais vécu de situation dommageable. » 

Pour Rim Charkani, la compétence fait foi de tout. Elle considère qu’une femme en affaires doit avoir confiance en elle, ne pas avoir peur de s’affirmer et de défendre ses points de vue.  

Quelle ressource manque-t-il dans l’écosystème? « Le maillage avec l’étranger fait défaut, répond-elle. Surtout du côté des investisseurs. On vise à devenir une entreprise internationale, ça nous prend des soutiens en conséquence. Or l’écosystème est axé sur le Québec. Il ne fait pas le lien avec l’extérieur de la province ou du pays. Déjà que l’investissement représente un énorme défi pour les nouveaux entrepreneurs… » 

Mentorat pour entrepreneurs

Rim Charkani bénéficie de deux mentors. Elle les considère essentiels à son succès. « Au début, je privilégiais davantage le coaching, confie-t-elle. Mais plus j’avance, plus le mentorat s’impose. C’est un concentré de sagesse et d’expérience qui m’a permis d’améliorer mes compétences et mes connaissances. C’est précieux. » 

La Covid 

Walo fut lancée en pleine pandémie. La Covid représente-t-elle un frein ou un avantage? Elle n’a pas facilité la négociation de partenariats, mais elle n’a pas eu d’impacts significatifs sur la survie de l’entreprise.  

« On a appris à bâtir notre résilience et notre capacité d’adaptation, révèle-t-elle. On a vécu du stress, c’est certain. Mais, en affaires, qui ne vit pas de stress? » 

La pandémie a tout de même freiné le développement de l’entreprise et ses cofondateurs ont même dû opérer un pivot. Initialement, l’application devait être vendue aux institutions financières. Mais, en pleine pandémie, ces dernières avaient d’autres chats à fouetter. La décision s’est imposée de viser directement les consommateurs. Il a fallu repenser la distribution. 

La pandémie a aussi changé le modèle organisationnel. L’entreprise a largué ses bureaux et s’est mise en mode télétravail… pour toujours!  

« Du point de vue de la main-d’œuvre, la pandémie fut bénéfique! Ça nous a permis de chercher du talent hors de la région de Québec, où les développeurs se font rares. Notre équipe est répartie dans plusieurs provinces. Mon bureau, c’est mon ordinateur. Et c’est parfait comme ça! » 

 

Propos recueillis par Stéphane Desjardins.